C’est parce que l’heure est grave qu’il faut se mettre en mouvement

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C’est parce que l’heure est grave qu’il faut se mettre en mouvement

Crédits photo : Stéphane Burlot

Dans une note publiée sur Mediapart, Olivier Dartigolles réagit à la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon. Si l’on ne peut que regretter ces réactions publiques négatives de la part de certains dirigeants communistes, je crois utile de répondre sur le fond. Ainsi, le porte-parole du PCF écrit que cette initiative ne « s’appuierait, à aucun moment, sur l’analyse de la situation réelle » et ne tiendrait pas compte de « la catastrophe annoncée pour 2017 ». Pourtant, c’est bien parce que l’heure est grave qu’il faut se mettre immédiatement en mouvement !

Olivier Dartigolles craint « le match à trois qui s’installe pour 2017 ». Il a raison. Si nous ne faisons rien, le pays verra son choix réduit à un bipartisme de façade et à une extrême-droite déjà en ordre de bataille. Il faut donc agir pour empêcher ce scénario mortifère. Agir, c’est proposer au pays une autre option politique. C’est permettre à la France insoumise de se réveiller. C’est dresser des orientations politiques suffisamment précises pour mettre à distance les ambiguïtés et les reniements qui génèrent trop de déception et de découragement. C’est proposer des outils efficaces pour déclencher un mouvement populaire de grande ampleur.

L’initiative « pour une primaire à gauche » ne le permet pas. Ses contours politiques flous englobent des soutiens à la politique gouvernementale comme ceux qui la combattent, des partisans des traités européens austéritaires comme les plus vigoureux de ses adversaires, des promoteurs d’un productivisme effréné et ceux qui veulent rompre avec les politiques qui détruisent notre écosystème. Plusieurs de ses initiateurs conditionnent d’ailleurs sa tenue à la participation du président de la République. Et le Parti Socialiste s’invite désormais, en tant que tel, aux réunions de préparation !

Nous, principaux opposants à la politique gouvernementale, devrions donc attendre la décision du prince pour nous organiser ? Ce serait un outil formidable dans la main de François Hollande. En lui permettant d’entretenir pendant de longs mois l’ambigüité sur sa participation, nous lui donnerions donc le droit d’empêcher toute construction alternative. De quoi aurions-nous l’air quand celui-ci imposera sa candidature alors que nous en serons encore à ergoter sur les virgules d’une plate-forme politique que le candidat désigné oubliera dès le lendemain de son élection ?

Et le peuple dans tout ça ? Celui qui ne veut plus de cette politique et doute plus que jamais de la possibilité de changer les choses. Doit-il attendre comme spectateur des combines politiques du président de la République et des volontés personnelles des uns et des autres ? Croit-on sérieusement que c’est l’organisation des « lundis de gauche » qui va lui permettre de relever la tête ? Où sommes-nous au contraire capables de nous tourner vers lui en proposant un cadre pour se retrouver et agir ?

Olivier Dartigolles dit à juste titre qu’« une force innombrable est disponible ». Elle attend un signal. Elle ne souhaite pas s’engager dans un casting, mais dans un combat. Elle cherche des repères et des points d’appui, alors que la droite et l’extrême-droite sont d’ores et déjà en campagne. Voilà ce que permet la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon.

Olivier Dartigolles dénonce une candidature « en solo ». Elle est, en moins d’une semaine, soutenue par plus de 42000 personnes. C’est d’ores et déjà davantage que les 34662 votants du congrès du PCF en 2013. Pourtant, personne ne dira du porte-parole de ce parti qu’il est un porte-parole en solo. Il rappelle, dans une interview sur France Info, son refus « du présidentialisme ». Qu’il soit rassuré puisque Jean-Luc Mélenchon réaffirme dans sa proposition une ambition commune : « être le dernier président de la 5e République et de rentrer chez (s)oi sitôt qu’une Assemblée constituante ait aboli la monarchie présidentielle et restauré le pouvoir de l’initiative populaire ». Voilà donc une nouvelle convergence !

En réalité, Olivier Dartigolles regrette que cette proposition se soit faite sans l’autorisation des dirigeants de son parti. Nous ne pouvons qu’être ravi de son soudain attachement aux structures collectives du Front de Gauche. Il est bien dommage que de telles protestations n’aient pas été entendues quand certains ont fait le choix de s’engager dans un processus de primaires sans aucune discussion collective. Mais il faut aussi rappeler que la démarche de Jean-Luc Mélenchon est exactement similaire à celle de 2012. Celui-ci avait alors proposé sa candidature à toutes celles et ceux qui le voulaient, et le PCF avait décidé de la soutenir à l’issue d’une consultation interne. Personne n’avait, à l’époque, dénoncé un tel processus.

Bref, Olivier Dartigolles a raison. « Les petites polémiques, les cabales, les procès, au regard des enjeux, ça ne vaut rien ! ». Les égos froissés et les préoccupations boutiquières non plus. L’heure n’est pas au travail de sape, mais au travail de conviction. Nous n’avons pas besoin de « travailler sur un processus » ou de « réfléchir pour un cadre très large ». Nous avons besoin d’une action massive, concrète et déterminée de mobilisation populaire.

Jean-Luc Mélenchon a été notre candidat commun. Il a porté avec brio notre projet en 2012. Il est aujourd’hui identifié comme un des principaux porte-paroles de la France insoumise. Il est sans aucun doute, à l’heure actuelle, le mieux placé pour remplir à nouveau cette tâche difficile. Retrouvons-nous dans le mouvement qu’il a pris l’initiative de déclencher et conjuguons nos forces pour le faire grandir.

11 commentaires

  1. Oui je crois en effet que JLM a eu raison de s’engager dès maintenant. On se demande encore (pas vraiment pour moi) le pourquoi de ces atermoiements, qui ne sont en fait que des manoeuvres pour mettre le peuple devant le fait accompli, par exemple après le congrès du PCF en juin 2016.
    Le peuple de gauche n’a que trop attendu.
    En avant !

  2. Tout est dit dans cette page. Bravo ! La candidature de. Mélenchon est une chance, elle permettra que la Gauche soit présente dans les débats pour les prochaines élections , on l’en remercie vivement et on lui souhaite bon courage

  3. ET en plus, il se trouve que Mélenchon a du charisme, du talent, de l’énergie et une connaissance sans faille de tous les dossiers qu’il faut maîtriser pour être un candidat crédible. Je veux bien qu’on refuse de personnaliser, mais tout de même, on pourrait le reconnaître de temps en temps. Vu la nature de cette élection qui oppose des personnes, c’est un sacré plus.

  4. J ai l impression de m entendre… Donc yessssss…. Allez JLM !!!!
    Par contre là il faut faire mieux que mieux…. Raz le bol de n avoir comme choix la droite, les socialdroites,…. Et l extrême droite……
    J ai envie de poster un vrai bulletin de gauche au deuxième tour…
    Insoumise et avec vous

  5. Oui, la situation exige de l’initiative et de la clarté. JLM permet que s’organise et se construise un programme politique affranchi des intérêts partisans mais enrichi par toutes les organisations qui s’y inscriraient, dépassant les institutions en poussant la VIème R., la Constituante, l’écosocialisme et tout ce qui en découle, n’ayant aucun tabou sur les questions internationales (UE, Moyen Orient, Afrique…). Un « casting » n’a aucun intérêt, tout ceux qui militent pour les primaires feignent de dire qu’ils attendent le PS.
    Rompre avec le PS passe par un acte clair, la candidature de JLM aide à cette phase indispensable. Je dirai même qu’elle arrive un peu tard, j’aurais personnellement souhaité que cette orientation soit développée avant les élections de l’an dernier (départementales et régionales). Donc aujourd’hui, organisons nous partout pour élaborer un programme de défense de la population avec des mesures immédiates et un cap clair sur les questions de chômage, des paradis fiscaux, des libertés syndicales, de l’agriculture non respectueuse de la terre et des hommes, de l’OTAN, de l’UE, de la Françafrique, de la Justice….et bien d’autres. Pas de sauveur suprême, prenons l’initiative, soyons offensifs, portons l’espoir ! Ne perdons pas de vue que les gros problèmes sont devant nous. Car au bout de tout ça nous attend un combat contre une politique réactionnaire renforcée grâce à tout ce que le PS aura détruit et mis en place.
    JLM est un militant capable de porter notre travail commun. Il en a la capacité et l’envie. Faudrait être vraiment nase pour s’en priver.
    Dans l’histoire, tout mouvement eu des « leaders ». Admettons JLM comme un leader naturel de ce qu’il faut dans ce pays parce que nous sommes dans un moment politique inédit et gravissime.
    Travail commun à la base et leader audible constituent une stratégie encourageante. Avanti !!

  6. Une élection primaire de la gauche est une mascarade pour faire croire que le PS est encore de gauche. Je suis surprise que le PCF qui a dénoncé cela meme, s’en mêle maintenant dans une primaire de gauche avec ceux qui ne sont pas de gauche. Cela je ne le comprends pas. Mélenchon c’est le seul a parler clair et ne pas chercher rien pour son parti, donc on est avec lui.

  7. Commençons dès maintenant à porter et à défendre cette candidature à notre environnement proche autour de nous par petits cercles comme un petit caillou qui tombe dans l’eau en faisant des ondes de plus en plus larges. Plus nombreux seront les petits cailloux plus la surface de l’eau sera en permanence ondulée et de ce phénomène naitra un large mouvement pour une alternative radicale, unitaire et crédible.

  8. J’aime beaucoup l’image des petits cailloux. Bravo. Alors lançons des petits cailloux… jusqu’à la grande vague !

  9. Concernant la présidentielle 2017, plusieurs instituts ont commencé à faire des sondages. Et ils l’ont fait surtout pour voir ce que ça donnerait si le candidat LR était Sarko, Juppé, Fillion ou Lemaire. Tout les journalistes ont relevé le fait que seul Juppé pouvait faire gagner son camp, ce qui est sans doute vrai. Mais ce que les journalistes n’ont pas vu (ou pas voulu voir), c’est que Mélenchon fairait entre 10 et 12% au 1er tour dans tous les cas de figure. JLM ferait donc d’ores et déjà l’équivalent de ce qu’il a fait en 2012 (11,1%) et ceci sans avoir l’appui des appareils politiques, dont celui du PCF. Sa marge de progression est donc énorme car il lui reste à fédérer beaucoup de monde. Sa candidature, en dehors de celle des partis est donc une bonne stratégie. Par ailleurs, il me semble que le PCF qui avait fait de très petits scores lors des dernières élections (3,37% en 2002 et 1,93% en 2007) devrait se féliciter d’avoir retrouvé un peu de couleur en 2012 grâce à JLM car il a porté haut le drapeau de la gauche non libérale. Et visiblement ce parti a déjà oublié qu’avec JLM en 2012 ils ont fait infiniment mieux que n’importe lequel de leur score des trente dernières années.

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