Retraites : Les 10 mensonges de Macron

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Retraites : Les 10 mensonges de Macron

Lors de ses vœux, le président de la République a dénoncé « beaucoup de mensonges et de manipulations » à propos de la réforme des retraites. Il a raison. Voici dont les 10 mensonges de Macron et de son gouvernement sur le sujet.

1) Les retraites ne vont pas baisser.
FAUX. En introduisant un système par points, le calcul de la retraite se fera désormais sur l’ensemble de la carrière professionnelle, et non plus sur les 6 derniers mois (comme aujourd’hui dans la fonction publique) ou sur les 25 meilleures années (comme c’est le cas dans le privé). Les salaires moindres au début de la carrière, les années incomplètes ou les moments d’inactivité sont aujourd’hui lissés par le mode de calcul. Dans le système Macron, ce sera pris en compte dans le calcul et cela conduira mécaniquement à une baisse du montant de la retraite. 

2) Le système est universel : c’est le même pour tout le monde.
FAUX. Le gouvernement a d’ores et déjà assuré les policiers, les douaniers, les pompiers, les pilotes de ligne, les surveillants pénitentiaires ou les contrôleurs aériens qu’ils pourraient conserver des régimes particuliers. Il a fait une proposition similaire aux danseurs de l’opéra de Paris qui a été unanimement rejeté. L’universalité n’était donc qu’un élément de communication pour essayer de faire passer une régression pour une mesure d’égalité.

3) Le système est juste : un euro cotisé donne lieu aux mêmes droits.
FAUX. Selon l’INSEE, un ouvrier vit en moyenne, en France, 6 ans de moins qu’un cadre. De même, l’espérance de vie d’un diplômé du supérieur est de 7,5 années supérieures à celle d’un non-diplômé. Par conséquent, un euro cotisé par un cadre lui donnera droit à une pension pendant 6 ans de plus que ce même euro cotisé par un ouvrier. De plus, un système juste doit être analysé en fonction de sa capacité à faire vivre la solidarité nationale et donc à corriger des inégalités dans les parcours de vie. Mais le système par points va au contraire reproduire à l’identique ces inégalités.

4) Le système est plus avantageux pour les temps partiels car chaque heure va compter.
FAUX. Dans le système actuel, il faut avoir gagné l’équivalent d’un tiers temps au SMIC sur l’année pour valider quatre trimestres. Une personne ayant travaillé bien moins qu’un temps plein peut donc valider tout de même son trimestre complet. Avec le système par points, elle ne pourra comptabiliser qu’un tiers des points qu’une personne à temps complet aura pu totaliser avec le même salaire horaire.

5) Le système sera meilleur pour les femmes.
FAUX. La prise en compte de l’ensemble de la carrière pour calculer le montant de la pension va conduire à augmenter l’impact des carrières incomplètes ou interrompues, qui touchent malheureusement davantage les femmes que les hommes. De plus, la fin des trimestres va conduire à la suppression des majorations « maternité » aujourd’hui mise en place pour les femmes qui ont des enfants (4 trimestres par enfant). Le gouvernement prétend compenser en introduisant une nouvelle majoration de 5% dès le premier enfant, puis de 2% supplémentaire à partir du troisième enfant. Mais il se garde bien de préciser que celle-ci sera, AU CHOIX, pour l’homme ou la femme et qu’un couple a tout intérêt à majorer la plus forte pension, c’est à dire généralement celle de l’homme. Le gouvernement ne dit pas non plus qu’une telle majoration existe déjà à partir du 3ème enfant et qu’elle est de 10% pour la femme ET pour l’homme. Le système par point pénalisera donc encore plus fortement les familles nombreuses qui disposaient au total de 20% de majoration et qui pourront désormais se répartir seulement 17%. Enfin, alors que les pensions de réversion sont touchées à 90% par des femmes, le gouvernement veut reporter l’âge à partir duquel il sera possible d’en bénéficier de 55 ans à 62 ans. Le système par points ne sera donc pas une avancée pour les femmes.

6) Cette réforme vise à sauver le système par répartition.
FAUX. Le gouvernement propose de retirer du régime général les salaires au-dessus de 10 000 euros par mois en leur demandant seulement de s’acquitter d’une cotisation de solidarité de 2,8% (qui ne leur donnera aucun droit) au lieu d’une cotisation normale de 28%. Cela a une double conséquence : d’abord, retirer environ 5 milliards d’euros par an au système général, sans jamais préciser comment ils seront compensés alors que le gouvernement prétend faire une réforme pour des raisons financières ; ensuite, contraindre les salariés concernés à se tourner vers des fonds de pension. D’ailleurs, le gouvernement a introduit dans la loi PACTE des dispositifs d’exonérations fiscales pour ce type de fonds, qui coûte environ 1 milliards chaque année au budget de l’état. Le gestionnaire d’actifs BlackRock, dont le président en France s’est vu remettre la légion d’honneur, ne s’y est d’ailleurs pas trompé : dans une note de juin 2019, il saluait déjà une loi qui permettait de « combler les lacunes structurelles des régimes d’épargne retraite volontaire existant ».

7) La valeur des pensions sera garantie par la loi
FAUX. D’abord, il faut se rappeler qu’une loi se modifie facilement en s’appuyant sur des éléments de contexte. Ainsi, s’il suffit de changer la valeur du point, il sera facile de le justifier en raison par exemple d’une crise économique. Mais surtout, la garantie de la valeur du point ne veut surtout pas dire que les pensions ne pourront pas baisser. En effet, l’introduction d’un « âge pivot » permet de faire baisser les pensions sans pour autant changer la valeur du point. En effet, si vous disposez d’un total de X points et que l’âge pivot est fixé à 64 ans, vous pourrez disposer d’une pension de Y euros en partant à cet age. Mais si le gouvernement recule l’âge pivot à 67 ans comme le prévoit le rapport Delevoye, ce même nombre de X points ne donnera plus droit qu’à une pension de 85% du même montant (puisqu’il y’aura une décote de 5% par année). Le point n’aura donc pas baissé, mais la pension aura été réduite de 15%.

8) La réforme permettra que personne ne puisse toucher moins de 1000 euros de retraites.
FAUX. Le gouvernement se garde bien de dire que cet engagement ne vaut que pour une carrière complète, sans préciser d’ailleurs ce que serait une carrière complète dans un système sans trimestre de cotisation. Il omet également de rappeler qu’un tel engagement était déjà prévu dans une loi de 2003, et que le gouvernement a rejeté en mai 2018 une proposition de loi du député André Chassaigne sur ce point : il n’y a donc pas besoin d’un système par points pour introduire une telle mesure.

9) Cette réforme est indispensable pour éviter la faillite de notre système.
FAUX. Le dernier rapport du Conseil d’Orientation des Retraites parle d’un déficit possible compris entre 8 et 17 milliards d’euros à l’horizon 2025. Celui de juin parlait lui d’un équilibre atteint en 2040. Lequel doit-on croire ? Surtout, le COR précise que ce possible déficit ne proviendrait pas d’une augmentation des dépenses mais d’une réduction des recettes en raison des baisses de cotisation dues à la suppression de personnels dans la fonction publique. Enfin, le gouvernement feint d’ignorer qu’il existe de nombreuses autres solutions pour augmenter les recettes, par exemple par l’augmentation des salaires, la création d’emploi au l’augmentation du taux de cotisation des entreprises. Un déficit de cette ampleur, si il était confirmé, peut donc aisément être pris en charge sans détruire totalement l’un des meilleurs systèmes de retraites au monde.

10) Avec le système par points, on peut économiser 8 milliards d’euros sur les régimes spéciaux.
FAUX. Ce chiffre de 8 milliards d’euros couvre l’ensemble des régimes spéciaux. Or la plupart de ces régimes sont en déséquilibre démographique en raison de la mutation du système économique. Ainsi, le régime des mineurs par exemple est en déficit puisqu’il n’y a plus que 10000 mineurs en France alors qu’il y’a plus de 150 000 mineurs à la retraite. Ou le régime de l’ORTF qui ne comprend plus aucun actif. Même en intégrant ces régimes dans un système par points, le déséquilibre entre les actifs et les retraités devra continuer à être pris en charge par la solidarité nationale. Le système par point ne fera donc rien économiser en l’espèce.